(Je ne sais à quel groupe affecter ce témoignage…)
En juillet 2015, je publiais sur ce site, dans le groupe "Scolarité, éducation des enfants", un témoignage dans lequel je racontais comment un hypnothérapeute m'avait conseillé de lire le livre de Jeanne Siaud-Facchin "Trop Intelligent pour être heureux ? L'adulte surdoué" et comment j'y avais reconnu ma fille, écartant d'emblée l'idée que je puisse moi-même être concernée par ce diagnostic.
Quand on a passé la majeure partie de sa vie à se sentir inexplicablement différente des autres et comme inhibée d'un point de vue intellectuel, il est difficile de croire qu'on est, en fait, dotée d'une sensibilité singulière et d'une grande intelligence.
Alors, oui : ma fille était surdouée mais certainement pas moi.
C'était sans compter sur mon inconscient qui, lui, avait très bien enregistré cette information qui dès lors ne me quitta plus : et si c'était vrai ? Et si mes problèmes d'enfance, regardés sous le prisme de cette intelligence particulière, prenaient sens ? Et si je n'avais pas su trouver de l'aide pour ma fille parce que, justement, ce qu'elle vivait m'était familier et ne me surprenait pas plus que cela?
La dualité prenait place:
tantôt je reconnaissais inexorablement en moi les caractéristiques limitantes citées par Jeanne Siaud-Facchin :
tantôt, au contraire, je me disais que ma vie serait bien plus légère si j'acceptais l'idée que toutes ces limites tenaient au fait que jamais personne (ni moi-même) n'avait reconnu que je pouvais être une personne intelligente et sensible et que, s'il s'avérait que je l'étais, je pourrais peut-être donner un sens à ma vie, reprendre la main et décider de ce qui serait bon pour moi et, surtout, en finir avec le sentiment d'étrangeté qui m'habitait.
Ainsi, alors même que je continuais à dire que je n'y croyais pas, j'acquerrais la certitude que cette hypothèse, si elle se confirmait, m'apporterait une véritable libération.
Ma fille, de son côté, déjà diagnostiquée, m'invitait sans cesse à venir la rejoindre.
La balance finit par pencher vers cette ouverture et j'envisageai consciemment la possibilité de me soumettre à un test d'intelligence. Une alternative s'ouvrait à moi : passer le bilan approfondi WAIS IV chez un ou une psychologue spécialisé(e) ou, plus simplement, passer le test de l'association MENSA pour avoir une première réponse.
Je dois reconnaître que je n'eus pas le courage de passer le test WAIS IV. L'implication émotionnelle de ce bilan face à un psychologue me parut insurmontable, la déception en cas d'échec (annoncé par un tiers identifié), trop difficile à supporter vu l'enjeu que je lui conférais. J'allais donc commencer par passer le test de MENSA, sans en parler à qui que ce soit, bien sûr.
L'Association MENSA est un club international regroupant des personnes obtenant des scores parmi les 2% les plus élevés aux tests d'intelligence. Elle offre sur internet un pré-test accessible à tous qui donne une indication sur la capacité du candidat. J'obtins à ce pré-test le résultat : "Vous avez réussi un bon score; les tests surveillés sont à votre portée". Je m'inscrivis donc à ces tests définitifs.
Très différents du pré-test, les tests surveillés se passent en grand groupe, dans une ambiance assez scolaire et sous la pression d'un temps limité. Lorsque je les passai, ces tests comptaient 25 questions chacun et étaient au nombre de trois :
Pour réussir il fallait obtenir le score suivant : moins de 2% d'erreur à l'un des tests et moins de 10% d'erreur aux deux autres.
Les résultats tardèrent plus de deux mois à m'arriver. Ils furent positifs. Je reçus une lettre m'informant que je pouvais adhérer à l'association MENSA. J'étais soulagée, j'allais pouvoir rencontrer d'autres personnes douées et commencer à comprendre comment aborder la vie avec ce que j'appelais jusqu'alors "mon handicap".
Pour le remercier, je retournai voir l'hypnothérapeute qui m'avait orientée. Il me donna ce conseil : "maintenant, osez être vous-même".
Je suis heureuse d'avoir rejoint ma fille et de partager avec elle de longues conversations sur ce que notre vie aurait dû être, sur ce qu'elle est et sur ce qu'elle sera à la lumière de cette information. Ni elle ni moi ne nous sentons spécialement fières de nous savoir soudain plus intelligentes que prévu. De grandes inquiétudes nous assaillent : Comment se réconcilier avec soi-même? Comment communiquer clairement et s'entendre avec les autres sans renoncer à sa différence ni provoquer en eux de la méfiance? Comment exprimer ses sentiments sans être excessive? Comment maîtriser ses émotions sans nuire à sa propre créativité ? Comment se faire aider? Des questions existentielles se posent : pourquoi moi? Qui suis-je vraiment? Quelle est ma vraie place dans ce monde? Comment être douée et heureuse?
Mais, globalement, ma fille et moi nous sentons enfin en accord avec nous-mêmes et cela change positivement notre regard sur nous et sur le monde.
Si vous me lisez, c'est peut-être parce que vous vous interrogez sur votre capacité à faire partie de ces 2% de personnes qui ont une intelligence particulière, un potentiel intellectuel et émotionnel (les deux vont ensemble) au-delà de la norme et que vous vous demandez si devez ou non passer les tests ou un bilan pour en être certain(e).
Je vous conseillerais de le faire après avoir lu des livres sur les adultes surdoués (des auteures Jeanne Siaud-Facchin, Monique de Kermanec, Cécile Bost, Arielle Adda, etc.). A la lecture de ces livres, vous vous reconnaîtrez et acquerrez alors la certitude profonde que vous faites partie des personnes douées. A partir de là : ne craignez plus rien, faîtes-vous confiance et vous réussirez les tests.
J'espère que ce témoignage vous sera utile. L'association Mensa ne regroupe qu'un nombre limité de personnes douées. Parmi ceux qui n'y sont pas inscrits, on sait que beaucoup d'adultes sont informés de leur douance et la vivent bien, mais on sait aussi que beaucoup d'autres l'ignorent, souffrent et passent à côté de leur vie. Je souhaiterais inviter ces derniers à prendre conscience de leur don et à tracer dès lors leur propre route.
A ceux-là, je livre ce message d'espoir que signe Arielle Adda (psychologue):
"Les personnes douées sont une passerelle vers tout ce qui dépasse l'homme. Plus on est doué, plus l'image de la perfection apparaît avec netteté. Le bonheur de contempler la beauté est plus intense, la déception de ne pouvoir l'atteindre plus cruelle. Les personnes douées sont excessives, c'est une caractéristique exigeante qui ne laisse personne en repos mais, quand elle aboutit, elle donne un chef-d'œuvre sans prix".
Balises :
Bienvenue dans
Tous psys!
374 membres
673 membres
424 membres
416 membres
201 membres
© 2024 Créé par Psy Benjamin Lubszynski. Sponsorisé par