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Oser les thérapies comportementales (Interview de B. Lubszynski dans le magazine Management)

Merci à Olivier Bailly pour ce très bel article! Lisez le dossier complet publié sur le site du magazine Capital, il est très bien fait! Il parle des moyens de lutter contre le stress au travail.

 

Brèves et efficaces, ces techniques, souvent importées des Etats-Unis, s’attaquent 
à des problèmes concrets : dépasser un épisode douloureux ou vaincre une phobie.

Comme il est loin, le temps où l’on se rendait chez un psy en se cachant, de peur d’être pris pour un fou ! D’après un sondage CSA de 2006 – le dernier en date – nous serions 5 millions à avoir déjà frappé à la porte d’un cabinet pour demander l’aide d’un thérapeute. Apprendre à affronter ses traumatismes est devenu banal. «C’est une compétence à acquérir, aussi nécessaire pour un manager que la connaissance de l’anglais», affirme le psychothérapeute Benjamin Lubszynski.
Et, de la même manière qu’il existe des formations accélérées en langues, il y a aujourd’hui un large choix de thérapies brèves, moins intimidantes et moins coûteuses qu’une psychanalyse de plusieurs années. Tournées vers l’obtention de résultats concrets, certaines d’entre elles s’appuient même sur les technologies les plus modernes.

La technique de l’ancrage 
ou le geste salvateur

C’est la méthode la plus connue et la plus simple à appliquer, parmi toutes celles qui composent la programmation neurolinguistique (PNL). Cette dernière, une discipline mise au point dans les années 1970 aux Etats-Unis, postule que nos angoisses sont des réflexes émotionnels intériorisés au cours de la vie. Et que ceux-ci peuvent être «désappris» et remplacés par d’autres automatismes, grâce à
des exercices de reconditionnement. La technique de l’ancrage est l’un d’eux. Son principe ? Associer un état émotionnel à un déclencheur, une «ancre», qui peut être
un simple geste.
«Pour provoquer en vous un état de relaxation, concentrez-vous en évoquant des souvenirs apaisants, conseille Benjamin Lubszynski sur son site Psy-coach.fr. Ce peut être une odeur, un lieu où l’on prend plaisir à se trouver, ou tout autre souvenir agréable.» Pendant cette évocation, effectuez un geste de votre choix (serrer le pouce contre l’index, par exemple) et répétez le processus. L’objectif est, à terme, de pouvoir déclencher sur commande, grâce à ce geste associé, l’état émotionnel souhaité.
Naturellement, il est impératif de se former en compagnie d’un spécialiste. Mais l’intérêt de ces thérapies, c’est qu’elles vous rendent autonome. «Après une quinzaine de séances, je peux appliquer les techniques de base, notamment celle de l’ancrage, dans les situations de stress», confirme le chasseur de têtes Laurent Guy.

L’EMDR ou l’apaisement
par les mouvements de l’œil

Ça ressemble à de l’hypnose mais ça n’en est pas. L’Eye Movement Desensitization and Reprocessing (EMDR), autrement dit la «désensibilisation et la reprogrammation par le mouvement de l’œil», a été mis au point en 1987 par la thérapeute américaine Francine Shapiro pour traiter le stress post-traumatique des femmes victimes de viol et celui des vétérans de la guerre du Vietnam.
Il s’agit de plonger le patient dans un état de relaxation, puis de l’amener à se remémorer le souvenir douloureux dont il souhaite se débarrasser. Pendant cette phase, il est invité à suivre des yeux un point lumineux que le thérapeute déplace pendant des séquences de vingt à trente mouvements successifs et à formuler en même temps les pensées qui surgissent. «Peu
à peu, le niveau émotionnel diminue et le souvenir semble s’estomper, détaille Thierry Berrou, psychologue clinicien à Clamart (Hauts-de-Seine). La thérapie s’arrête lorsqu’il n’y a plus ni réaction émotionnelle ni pensée négative sur cet événement.»

En moyenne, une dizaine de séances peuvent suffire. Trop simple pour être honnête ? La technique a en tout cas été couronnée du prix Sigmund Freud par l’Association mondiale de psychothérapie. En France, elle a été popularisée notamment par le Dr David Servan-Schreiber dans son livre «Guérir le stress, l’anxiété et la dépression sans médicaments ni psychanalyse» (Robert Laffont, 2003), et son efficacité a été reconnue par l’Inserm en 2004. Son usage est aujourd’hui étendu à tous les types de stress.

Thierry Berrou se souvient ainsi du cas d’un manager qui, à la suite de la fusion de sa société, faisait l’objet de harcèlement professionnel : «L’un de ses meilleurs amis, qui était aussi codirecteur de la nouvelle structure, l’avait trahi. Il est entré en dépression, ne parvenant plus à faire confiance à personne. On a travaillé à partir
du souvenir précis de la trahison : quelle émotion était associée à cette pensée ? Comment se traduisait-elle dans son corps ?» Quelques séances d’EMDR plus tard, le manager était guéri.


La thérapie par la réalité virtuelle ou le jeu vidéo qui calme

 

Qui a dit que les jeux vidéo étaient néfastes ? Certains sont utilisés par les praticiens des thérapies comportementales et cognitives (TCC). Développées dans les années 1950 et 1960 aux Etats-Unis et apparues en France dans les années 1970, ces thérapies exposent le patient à la situation qui provoque son anxiété.
Vous êtes timide et redoutez de vous exprimer en public ? Par le biais de jeux de rôles et de mises en situation, le thérapeute vous poussera à aborder des inconnus dans la rue, à prononcer un discours à l’occasion d’une réunion de famille, jusqu’à ce que vous soyez capable d’animer une réunion en présence de vos supérieurs.
Aujourd’hui, avec la démocratisation des techniques de réalité virtuelle et d’animation en 3D, les TCC ont à leur disposition un nouvel outil performant. Inutile, désormais, de traiter la peur de l’avion en suivant des programmes à base de formation au sol et de coûteux vols réels. Air France vous propose d’embarquer à bord d’un simulateur de vol en compagnie d’un psychologue, pour une authentique séance de thérapie par la réalité virtuelle baptisée «stage antistress» (600 euros la journée).
Pour un budget beaucoup plus modeste, le jeu vidéo Max Payne 2, où le héros défie souvent le vide lors d’animations particulièrement réalistes, a fait ses preuves sur les personnes atteintes de phobie des hauteurs. Enfin, à l’aide d’un casque de réalité virtuelle, d’écouteurs et de gants équipés de capteurs, on peut recréer à peu près n’importe quel scénario, lui donner toutes les apparences du réel et permettre au patient d’agir à sa guise. Sur une estrade virtuelle et devant un pupitre fictif, vous pourrez travailler sur votre peur de parler en public, face à une assistance imaginaire tour à tour captivée, ennuyée ou franchement mécontente. «Accompagnée d’une phase de relaxation, cette immersion permet de se désensibiliser et, au fur et à mesure, de ne plus avoir peur», conclut le psychothérapeute Benjamin Lubszynski.

Olivier Bailly

 

 

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