Dépersonnalisation / déréalisation : ne plus être soi
C’est un jour comme les autres mais vous vous sentez d’un coup coupé de vos sensations. Vous avez soudainement l’impression de ne plus vous sentir relié à votre corps, d’être dans un monde dont vous vous sentez isolé. Ce qui vous donnait du plaisir autrefois, les souvenirs du passé, vous semblent faire partie d’une autre vie.
Pour les uns il s’agit d’une impression fugace, pour les autres cet état va se prolonger et devenir permanent. Ils sont selon l’expression d’ Isabelle Goc-Diaz, psychiatre et psychanalyste, « passagers du no man’s land. »
Il s’agit de la dépersonnalisation, un des symptômes fréquents de l’anxiété. Elle se caractérise par l’expérience prolongée ou récurrente d'un sentiment de détachement et d'une impression d'être devenu un observateur extérieur de son propre fonctionnement mental ou de son propre corps.
Mais ce qui est le plus troublant pour les personnes souffrant de ce trouble est de pouvoir malgré tout avoir conscience des symptômes tout en ne pouvant rien faire pour les éliminer.
Il faut souligner que la dépersonnalisation ne survient pas seulement lorsque l'on est affecté par un autre trouble mental, et qu’elle n'est pas directement associée à une prise de substances psychoactives ou psychotropes.
La déréalisation, autre manifestation de l’anxiété se caractérise par la modification de la perception de la réalité. «Comme s’il y avait un voile entre moi et la réalité », racontent les personnes souffrant de ce symptôme.
Alors que la déréalisation est une expérience subjective de sentiment d'irréalité ou d'étrangeté du monde extérieur, la dépersonnalisation est le sentiment d'irréalité ou d’étrangeté par rapport à soi-même, à son propre corps.
Quand ces manifestations sont de courte durée on parle de troubles de la dépersonnalisation / déréalisation ; si ces signes persistent on évoque un syndrome de dépersonnalisation/déréalisation.
Quelques explications
L’ensemble des sensations physiques viennent du corps. La réalité que nous percevons (réalité à l’intérieur ou à l’extérieur de nous-mêmes) est soumise à la qualité de nos perceptions. La vue, l’ouïe, l’odorat, le goût et le toucher sont nos moyens les plus sûrs pour connaître le monde et nous connaître nous-mêmes. MAIS, quand l’anxiété s’emmêle, nos chers alliés, nos 5 sens, se mettent à nous empêcher de vivre. La saturation de notre pensée et de notre corps par l’anxiété dérègle nos perceptions et provoque une rupture.
Un traumatisme, une exposition prolongée à un stress excessif ou encore une dépression peuvent être les déclencheurs de ces phénomènes. Nos sens nous trahissent, ils ne sont plus fiables. Beaucoup de personnes phobiques redoutent en effet de commencer à ressentir les sensations, signes avant – coureurs d’une montée de panique. Ces sensations physiques sont associées à un réflexe conditionné de peur : c’est ce que l’on nomme « phobie intéroceptive » : les sensations nous s’embrouillent, se confondent et installent un sentiment de panique !
Quelle prise en charge ?
Tout d’abord, faire baisser le niveau d’angoisse : il s’agit dans un premier temps de permettre au patient de couper court au cercle particulièrement vicieux de la peur de la peur. Par la relaxation, par la respiration et toute autre technique psycho corporelle, le thérapeute va permettre au patient de faire baisser l’intensité de l’anxiété liée à ses symptômes.
Le thérapeute va ensuite chercher à déclencher les sensations physiques en séance pour apprendre au patient à les supporter sans angoisse, et à les maîtriser : on propose, par exemple, au patient d’hyper ventiler (respirer très rapidement et profondément pendant plusieurs minutes), on le fait tourner rapidement sur un fauteuil, on lui fait retrouver la qualité des sensations perdues : le goût, l’ouïe, l’odorat, le sens de l’équilibre seront progressivement sollicités et reprendront leur fonction initiale : nous permettre de jouir de la vie !
La dépersonnalisation et la déréalisation sont deux symptômes assez communs chez les gens qui souffrent d'anxiété (ou qui ont vécu un trauma). J' ajouterai même qu'ils figurent parmi les symptômes les plus effrayants. C'est probablement pour cette raison que peu de personnes évoquent la Dépersonnalisation lors des entretiens ou même avec des proches. Imaginez une seconde que vous êtes coupé de vous-même, que vous observez le monde comme si vous visionniez un film, ou tout simplement que vous avez du mal à ressentir de l'amour pour vos proches…
Eva Marechal est Psychologue et Coach spécialisée dans les thérapies brèves (TCC, relaxation, hypnose, PNL, thérapie systémique). Elle exerce au 29 rue Dautancourt dans le XVIIème. (Consulter encabinet: 01 42 26 40 27 / en ligne (webcam) / profil complet)
(ancien article)
Je vous rassure: ces symptômes ne causent absolument aucun préjudice, vous n'allez pas perdre le contrôle de vous-même ou devenir fou. Il s'agit tout simplement de la conséquence d'une anxiété excessive. En effet, vous avez probablement des pensées anxiogènes récurrentes, ce qui engendre un surmenage et une fatigue psychique intense; ou bien, il se peut que vous ayez vécu un événement traumatique ces derniers temps. On peut tenter d'imaginer cela comme si votre "disque dur" était saturé d'informations (trop) anxiogènes. A ce stade-là, notre cerveau (notre "disque dur" qui fait du mieux qu'il peut pour nous préserver et se préserver) se déconnecte et/ou finit par anesthésier nos émotions (positives et négatives). Seulement voilà: même si cela part d'une bonne intention de notre cerveau, il est également vrai que ces absences ou cette perception d'irréalité finit par nous faire très peur, ce qui engendre un cercle vicieux où la dépersonnalisation ne fait que persister. Nous devenons alors hypervigilent et désorienté face à toutes les manifestations de notre anxiété.
No panic: une fois que vous avez compris que ces symptômes ne sont pas dangereux (mais certes très inconfortables), vous retrouverez votre gamme d'émotions et vos perceptions habituelles. Considérez la dépersonnalisation et la déréalisation comme des nuisances qui s'estomperont lorsque le calme sera de retour (et cela pourra prendre un certain temps, peut-être même quelques mois).
Un thérapeute expérimenté pourra vous apporter des réponses et des solutions efficaces et claires par le biais de la thérapie comportementale et cognitive, l'EMDR, l'hypnose, la relaxation ou la Méditation de Pleine Conscience. Une bonne hygiène de vie vous apportera également un certain soulagement. Il est également important d'arrêter la consommation de cannabis qui ne fait qu'accroître ces symptômes.
Si votre quotidien en est trop affecté, alors l'aide médicamenteuse apportée par un psychiatre pourra vous être utile.
N'oubliez pas: nous réagissons très souvent de façon normale face à des circonstances de vie anormales.
Silvia ANDRE
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Bonjour,
J'ai lu et j'ai de suite pensée qu'il fallait que j'écrive ça : lisez tous ce livre : Je pense trop de Cristel petitcolin et après le suivant : Je pense mieux...
Bonne lecture a vous !
Yoan 26 ans
Salut à toutes et tous,
Toujours l'espoir d'une issue face à cette déréalisation/dépersonnalisation qui évolue depuis l'âge de mes 16 ans.
La DP est survenue 1 ans plus tard.
UN COMBAT SANS FIN !
J'ai cessé de me battre contre elle à 23 ans.
j'étais arrivé au bout. Exercice de reprise de conscience, auto analyse, se rappeler des sensations passées, pensées positives, relaxation, faux espoirs, résultat très court et syndrome qui ne cessait de m'éloigner de cette réalité qui m'était si chères.
Pourquoi tant d'effort pour ressentir des choses si simple...
C'était désespérant de n'avoir qu'un pseudo controle.
LA PEUR DU VIDE ET DE "L EFFACEMENT" DE MOI
J'avais l'habitude de me servir des émotions de mes souvenirs pour ressentir à nouveau, mais une fois "consommés"...
Les souvenirs se dissipent aussitôt après avoir ressenti et pire le présent irréel vient les contaminé et se mélanger aux souvenirs les vidant de leurs émotions.
Je ne pouvais alors plus me servir de ses souvenirs et devais en trouver d'autres pour ressentir de bref instant d'émotion, mais à ce rythme j'allais tous les perdre...
Et plus je consommais ses souvenirs moins je reconnaissais l'ancien moi, alors j'ai eu peur que la seule choses qui restait de moi ne disparaisse.
Je vois que le mur s'agrandit, plus j'essaye de me battre...
SOLUTION FINALE, ACCEPTER LA "MALADIE"
La seule chose qui pouvait changer alors ! C'était de me laisser aller dans ce processus. Même...de l'aider.
Et là comme un torrent elle m'a emportée encore plus loin dans l'irréel et je n'essayais pas de nager à contre sens. C'était tellement plus simple mais pas moins angoissant.
UN REPOS MENTAL IMPOSÉE PAR DAME NATURE ?
La nature trouve toujours une solution, alors je me suis dit que cette "maladie" était peut être venue naturellement pour mon bien, et que je ne devais pas me mettre en travers.
Aussi étrange et effrayant était le chemin qu'elle m'imposait j'ai choisit de m'y soumettre.
UN VOYAGE LONG ET INCERTAIN...
Maintenant 10 ans plus tard, je suis toujours dans cette voie, même si parfois je me dit qu'est-ce tu fais ? Tu vas devenir fou à force de t'écarter du rivage !
J'espère juste qu'un jour cette course folle m’emmènera quelque part, où je pourrai enfin voir clairement la vie.
C'est donc sans espoir de réponse ou d'explication que je trouve l'espoir d'une issue. car pour sortir de ce monde irréel il n'y a apparemment pas de porte ni de mur à casser.
Alors je me laisse bercer par dame nature et j'espère qu' un jour elle me réveillera...
Bonjour,
Je ne sais pas trop si je souffre de dépersonnalisation. Mais je retrouve décrits ici certains symptômes de ce que je vis depuis maintenant 21 ans (j'en ai 40). Etant ado, il m'arrivait souvent, le soir, en essayant de m'endormir, de "voir mon corps" comme si j'étais extérieure à moi-même (un peu comme si je lévitais au dessus de mon enveloppe corporelle). La 1ère forte crise a eu lieu à la fac, une nuit, je révisais pour mes partiels, j'avais 19 ans, j'étais toute seule dans la maison, et vers 2 heures du matin, je vais dans la salle de bains, et en me voyant, j'ai été prise d'une attaque de panique. Je me reconnaissais bien, pas de souci, mais j'avais le sentiment de ne pas être à ma place dans mon corps. M'entendre respirer me foutait les boules, etc etc. Et j'avais un sentiment d'étrangeté, d'irréalité. Et j'ai eu la trouille de ma vie. Une panique totale créée seulement par mon esprit...Bref, j'ai vu un médecin qui m'a donné du buspar et de l'imovane. Ensuite, j'ai continué ma vie, par moments, je vais mieux, à d'autres moments, c'est la cata. Quoi qu'il en soit, ça ne s'est jamais réglé. Je ne peux pas passer une soirée seule sans prendre d'hypnotique + anxiolytique ( zolpidem et bromazepam). Mon généraliste n'est pas au top question problèmes psys, donc je pense que je vais finir par aller consulter une psychiatre pour identifier ce mal qui me ronge, et qui me bouffe littéralement la vie. Je n'avais jamais osé franchir le cap, par trouille de revivre quotidiennement les crises, de raviver le mal-être quoi... Mais là, je suis en plein burn out, donc je me dis, au point où j'en suis, c'est le moment ou jamais !! Par ailleurs, auparavant, les crises apparaissaient le soir ou la nuit si j'étais seule, et maintenant, ça peut être quand je suis au petit coin, même si 200 personnes sont dans les locaux. Ou bien dans la rue, ou quand je me promène. La seule parade que j'aie trouvée est d'avoir tjrs sur moi mon mp3 ou mon portable (ça me rassure...) Voilà, si jamais certaines personnes peuvent m'aider de leur expérience, je suis plus que preneuse. Merci d'avance !
A tous,
je vois que le sujet est résolu donc j'arrive peut-être un peu tard. Je voudrais, en tout cas, attirer l'attention de tous sur une question. Est-t-il réellement bénéfique de se tourner vers la science pour répondre à ce "problème" de "dépersonnalisation"? Comme vous le savez, la science se base sur des normes qu'elle a elle-même défini pour expliquer des phénomènes nouveaux et inconnus. Si elle trouve des mots et arrive à décrypter ce genre de phénomène de manière rationnelle, il apparaît en revanche qu'il n'existe pas de remède contre cette sensation d'irréalité. Les seules solutions que la science à trouver pour mettre en place une forme de résilience et permettre une réinsertion dans la norme rassurante de notre belle société sont les antidépresseurs et autres anxiolytiques qui inhibe le phénomène pour le mettre plus ou moins en quarantaine. Nous vivons dans un monde ou le changement physiologique de l'homme effraie, ou le moindre "dysfonctionnement" est perçu comme un danger potentiel qu'il faut corriger ou isoler. Au développement humain, on préfère l'évolution technologique bien plus commode à l'endormissement des esprits. Et si le sentiment d'irréalité était en en fait un retour à la réalité, l' amorce d'une prise de conscience effrayante, certes, mais plus proche de la vérité que celle que l'on nous a enseigné. Et si au lieu d'un problème à corriger, il s'agissait d'un don à développer?
Je ne suis pas un gourou de secte cherchant à profiter d'une "faiblesse", je connais moi aussi ce sentiment et j'ai l'intime conviction qu'au lieu de s'isoler ou de chercher à corriger cette perception différente du monde, il faudrait au contraire se rassembler, débattre, échanger pour mieux appréhender ce phénomène qui effraie. Peut-être qu'ensemble nous pouvons être plus confiant, plus fort et renverser les idéologies préconçues. Si d'autres personnes dans cette situation, ou dans une situation similaire partagent mon point de vue et souhaitent en discuter sérieusement et différemment: brice.crones@yandex.com
Nous ne sommes pas seuls. Partageons notre vécu!
bonjour, j'ai ce sentiment d'irréalité tous les jours sans cesse depuis plus d'un an! j'ai 23 ans et j'aimerais beaucoup m'en sortir! j'en ai parlé avec mon docteur plusieurs fois sans succès, j'ai rencontré 2 psychologues qui ne savaient pas trop ce que j'ai (peut-être dépression ou anxiété ) je prenais déjà des antidépresseurs avant que ça commence et mon médecin m'avait augmenté la dose et ça n'a rien changé! est-ce que c'est le syndrome de la dépersonnalisation et déréalisation est si mal connu pour que personne ne me ¨diagnostisent¨ qui devrait-je aller consulter? un psychiatre peut-être?
bonsoir,
je voudrais commenter le message de benmammar pour lui dire que c'est exactement se que te fait ressentir cette situation.
je suis en contact avec Mr Eric Fauchet qui étudie depuis des années cette pathologie.
JUSTEMENT TOUT EST Là , toutes les sensations les sentiments l'envie le desir le plaisir c'est juste un trouble psychique qui te fait ressentir et ecrire ce message.
moi j'ai fait ma vie elle est là elle existe elle est ce qu'elle est.
toute ma vie est présente existe et tout est présent.
il n'y a aucun vide au contraire tout est rempli de ma vie.
quand a l'épanouissement c'est encore un sentiment de detachement qui fait ressentir cela.
bonne soirée
bon courage
a bientôt.
Bonjour à tous , je vis dans cette situation depuis 22 ans maintenant , j'ai fait beaucoup d'effort personnel pour m'en sortir mais en vain , cette situation d'être spectateur de sa propre vie qui se défile sans pouvoir y participer me torture, surtout que ça dure et que ça finit pas, je l'ai eu depuis 15ans jusqu'a 38 ans maintenant, j'ai raté ce qu'il y a de plus précieux à vivre , sa jeunesse, j'ai essayé de m'accrocher, je forçais les choses et les sensation, j'ai essayer de tous faire durant cette période, j'ai reussi à réaliser difficilement certaines choses mais sans en avoir goûté le gout et ça reste floues dans ma tête, maintenant ma vie est un vide , je ne m'épanouis ni professionnellement ,ni affectivement ,ni socialement , pourtant très intelligent et grand bosseur et bien intentionné . c'est tragique , j'ai pas vu dans les forum un cas qu'a duré aussi longtemps . vous pouvez me m'écrire si vous le souhaitez sur: benmaamar_litt@yahoo.fr , bon courage à tous
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